Je suis l’actualité française de loin, et au mieux avec quelques semaines de retard, étant donné la lenteur du journal que je reçois hebdomadairement. Néanmoins, j’écoute parfois une chaîne d’information en continu lors de mes voyages, ce qui me permet de prendre connaissance de nouvelles fraîches, de polémiques à peine sorties du four, destinées à tester la réaction des Français. La dernière en date fut l’idée de François Bayrou de supprimer deux jours fériés pour limiter l’hémorragie du budget français.
Pour ce qui est du lundi de Pâques, cela me laisse de marbre. En revanche, concernant le 8 mai, jour de commémoration de la fin de la Seconde Guerre mondiale, je suis outré. Comment peut-on remettre en cause ce jour de mémoire, si nécessaire — aujourd’hui plus que jamais ? À l’heure du regain d’antisémitisme, souvent dissimulé sous couvert d’antisionisme, et du retour de la guerre en Europe sous l’effet des aspirations impérialistes de la Russie, comment peut-on oser remettre en cause ce jour férié, qui a au moins le mérite de rappeler au peuple ce qui s’est déroulé entre 1939 et 1945 ?
Si vous tenez à supprimer un autre jour férié, prenez donc plutôt le 1er mai, jour de la fête du Travail. Il n’y a rien d’original à souligner l’ironie d’une fête ainsi nommée qui se traduit par un jour chômé. Je sais bien que cette date a été choisie internationalement en hommage à un mouvement de grève aux États-Unis, qui a abouti à la reconnaissance du droit de moins travailler. Dans ce cas, rebaptisons-la : « fête du droit de moins travailler ».
Moi, j’aimerais la supprimer, et je vais vous dire pourquoi. Dans le climat international incertain que nous traversons, alors que les régimes autoritaires nous attaquent — nous et nos valeurs —, quelle est notre richesse pour rester puissants et faire des choix civilisationnels ? Le pétrole ? Le gaz ? Nous n’avons que notre travail et la richesse de notre marché économique. À l’heure où un réarmement rapide s’avère nécessaire pour que les conflits actuels ne se généralisent pas à l’ensemble du globe, notre seule vraie source de richesse reste notre travail. Il faut aussi réduire certaines dépenses sociales, qui relèvent parfois davantage de l’assistanat que de la solidarité.
Je n’ai rien contre le 1er mai fondamentalement, mais cessons de nous voiler la face. Retroussons nos manches, remettons-nous au travail, et reprenons la place qui doit être la nôtre, si nous ne voulons pas retourner au Moyen Âge — comme beaucoup d’idiots utiles semblent y travailler, avançant masqués.
Laissez le 8 mai tranquille, et préparons la guerre pour l’éviter.