Lecornu : un Oscar du meilleur second rôle pour une semaine de haute stratégie

Lecornu : un Oscar du meilleur second rôle pour une semaine de haute stratégie

La récente crise politique française, orchestrée de main de maître, mérite d'être décryptée comme un véritable scénario. Si l'Oscar du meilleur scénario devait être décerné, il reviendrait sans conteste au Président Macron, tandis que le Premier ministre Lecornu mériterait celui du meilleur second rôle pour son interprétation. Mon hypothèse de lecture des événements repose sur une analyse calculée : le Président a savamment agencé les mouvements de cette semaine, anticipant parfaitement l'issue finale de la nomination de Lecornu II.

L'intérêt profond de cette manœuvre ne réside pas dans la gestion immédiate des affaires courantes, mais dans la préparation de la succession présidentielle de 2027. L'objectif premier d'un Président, au-delà du simple souhait de prospérité nationale, est de bâtir un héritage durable. À défaut d'une descendance biologique, cet héritage doit passer par l'installation d'un successeur : Lecornu, où tout autre personne qui serait vue comme le successeur pour entretenir son héritage.

Pour réussir ce pari, la stratégie imposait de neutraliser les candidats potentiels à la candidature présidentielle, dont le populaire Retailleau figurait en tête. La séquence entière prend sens si l'on considère qu'il fallait simultanément écarter Retailleau et tous les concurrents qui auraient pu profiter de l'exposition gouvernementale avant l'échéance présidentielle.

La manœuvre d'éviction calculée fut lancée par l'annonce de la nomination de Bruno Le Maire au ministère des Armées. Une décision, semble-t-il, prise sans avertissement préalable de Retailleau, qui l'aurait découverte par voie de presse le dimanche soir. Cette désorientation visait une réaction prévisible : Retailleau a annoncé son refus d'entrer au gouvernement. Cette décision a eu pour effet de permettre à Lecornu de démissionner moins de 24 heures plus tard avec une justication servie sur un plateau.

Le discours de démission de Le Cornu a d'ailleurs habilement préparé le terrain en fustigeant les « ambitions personnelles » au détriment de l'intérêt national – une flèche psychologique dirigée vers Retailleau ou tout prétendant au Saint Graal non adoubé par le Calife. Après une concertation purement formelle, le Président a clarifié sa ligne de conduite : plus de "présidentiable" au gouvernement. La nomination de Lecornu II est tombée tardivement, scellant le sort de Retailleau et des autres prétendants.

L'agenda parlementaire est le dernier verrou : la présentation du budget au Conseil des ministres, ce lundi. En cas de motion de censure, la dissolution deviendrait plausible, menaçant la carrière et le siège des députés, notamment chez les Socialistes (PS) et les Républicains (LR). Le système est conçu pour que la survie politique individuelle prime sur le chaos institutionnel, garantissant le passage du budget.

Tout a été calculé au millimètre près. Si le plan fonctionne, Lecornu II reste en fonction, en position de force pour 2027, tandis que l'hypothèse d'une démission présidentielle, jadis impensable, est désormais sérieusement débattue dans l'opinion. Ce pari n'est donc pas sans risque.

Conclusion : L'essence du Machiavélisme Politique

L'enchaînement des événements que nous avons décrypté n'est rien d'autre qu'une application magistrale des principes du machiavélisme politique. Cette stratégie repose sur la manipulation et l'instrumentalisation des acteurs politiques à des fins de pouvoir.

Elle met en lumière une personnalité de leader qui pourrait être analysée à travers les traits de la Triade Noire de la psychologie, qui combine :

  1. Le Machiavélisme : La ruse, la froideur calculatrice et la manipulation des événements (l'orchestration de la crise) pour atteindre un objectif de pouvoir (l'héritage de 2027).
  2. Le Narcissisme : L'accent mis sur la quête d'un héritage et la nécessité d'une succession qui prolonge sa propre vision et son parcours politique.
  3. La Psychopathie (au sens clinique d'une absence d'empathie, non d'un trouble psychiatrique) : L'utilisation cynique et la désorientation d'alliés ou de rivaux (comme Retailleau ou Le Cornu) qui sont sacrifiés ou positionnés uniquement comme des pièces sur un échiquier, sans considération pour leur propre ambition ou leur sort personnel. Ne parlons pas du sort de la France et de ceux qui la composent, qui risquent de finir dans les bras de l'un des deux extrêmes, même si l'extrême droite semble le pôle qui a le plus le vent en poupe au vu des derniers sondages. Il ne s'agit plus de politique institutionnelle, mais bien d'une démonstration de force psychologique au sommet de l'État.